

journal du collège Antoine De Saint-Exupéry de Vannes
Ginette Kolinka
Vendredi 15 janvier 2016, les 3ème du collège A. de Saint Exupéry ont accueilli avec leurs professeurs d'histoire, Ginette Kolinka déportée au camp d'Auschwitz en 1944.
Dans un grand silence, pendant près de deux heures, Ginette Kolinka née Cherkasky, aujourd'hui âgée de 91 ans, a raconté son histoire, l'histoire de sa famille juive française emportée dans le tourbillon de la Shoah.
Avec humour, gaîté parfois, Ginette Kolinka a commencé son récit en resituant l'époque de l'occupation, les lois antijuives, le père de famille ancien soldat de la guerre 14/18 qui ne croit pas qu'en France ils peuvent être en danger. Ginette est la plus jeune des six filles d'une fratrie qui compte aussi un jeune frère. Elle avoue aux élèves être alors«complètement insouciante, certainement un peu bébête ». Sportive, bonne nageuse, elle dit que ses actes de résistance à ce moment là sont de « se rendre à la piscine en dépit de mon étoile jaune que je cache ».
Après diverses péripéties, en 1942, la famille finira par passer en ordre dispersé en zone libre et s'installera à Avignon en cachant son identité.
Tout bascule le 13 mars 1944, Ginette Kolinka a 19 ans lorsqu'elle est arrêtée à Avignon, avec son père, son jeune frère de 12 ans et son neveu de 14, par des officiers allemands de la Gestapo, sans doute à la suite d'une dénonciation.
Comme des milliers d'autres, dans des conditions épouvantables, ils sont conduits au camp d'Auschwitz.
Le public de la salle de restauration aménagé pour cet accueil est suspendu au récit de Ginette Kolinka qui continue d'une voix claire à raconter en détail son parcours. À l'arrivée à Auschwitz, elle est séparée de sa famille. L'ancienne déportée ne reverra jamais son père ni son frère ni son neveu. Ils sont victimes d'une sélection dés leur arrivée au camp et montent dans des camions qui les amèneront directement à la mort.
« Je ne sais pas pleurer, et je ne me souviens pas avoir pleuré quand par les « anciennes » du camp, nous avons appris le sort qui était réservé à ceux qui étaient montés dans les camions. Le travail de déshumanisation du système concentrationnaire avait commencé. »
En avril 1945, après plusieurs transferts, Ginette se retrouve à Theresienstadt, en République Tchèque. Le camp est libéré par les Russes. Ginette Kolinka retourne en France où l'attendent sa mère et ses cinq soeurs, qui ont échappé à la déportation.
« Je suis reconnaissante à mes sœurs d'avoir en dépit de mon retour des camps, toujours entretenu un climat de gaîté à la maison . Celà m'a sauvée. Ma mère a été elle très affectée, je ne lui avais pas laissé le choix de croire que notre père et notre frère reviendraient, je l'ai regretté mais j'étais incapable à l'époque de mentir ».
Ce vendredi, nos 3èmes n'ont pas un cours d'histoire ordinaire, mais sont entrés dans l'Histoire grâce à Ginette Kolinka, à ses propos en tant que témoin rescapée des camps de la mort et en tant qu'acteur, passeur de mémoire. Elle a donné corps à ce qu'ils ont étudié en classe, leur permettant d'appréhender la réalité de l'horreur qu'elle a vécue. Une rencontre pour témoigner certes mais aussi pour ouvrir les esprits, les consciences....pour faire face à l'obscurantisme, et à l'ignorance, au manque de connaissances.
Les élèves et les adultes présents ce jour là, ne sont pas prêts d'oublier le témoignage et le message très forts de Ginette Kolinka. Nous nous sommes donnés rendez-vous l'année prochaine puisque pour Ginette Kolinka « vous rencontrez, vous tous, les jeunes, me fait oublier mon âge. Malgré ma famille qui trouve que j'en fais trop, je ne peux pas râter ça »